Paris, le 6 avril 2023 – Le plus grand marché de l’assurance au monde, Lloyd’s of London (Lloyd’s), n’assure pas sa responsabilité climatique de mettre fin à l’expansion fossile. C’est ce que révèle un nouveau rapport de Reclaim Finance sur ses principaux membres, les managing agents. En effet, en dépit de son engagement Net Zero, Lloyd’s n’a mis en place aucune politique visant à mettre un terme à l’expansion fossile et n’a pas réussi à imposer ses recommandations, par ailleurs très faibles, à ses membres. Par conséquent, Reclaim Finance, membre du réseau Insure our Future [1], demande à Lloyd’s of London de respecter ses engagements de neutralité carbone et de renforcer ses mesures, notamment en mettant en place des mécanismes de sanction supplémentaires afin d’encourager ses managing agents à agir.
Seuls le charbon et certains projets pétrole et gaz non-conventionnels sont aujourd’hui concernés par les recommandations de Lloyd’s en matière d’énergies fossiles, à rebours de son engagement Net Zero en tant que membre de la Net Zero Insurance Alliance (NZIA) [2]. En effet, le scénario « Net Zero Emissions by 2050 » de l’Agence internationale de l’énergie, qui vise à limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C, prévoit la fin du développement de tout nouveaux projets de production fossile, au-delà de ceux approuvés avant fin 2021.
Or, la Lloyd’s, qui opère par l’intermédiaire de ses managing agents, ne conditionne pas l’accès à son marché à l’adoption de politiques excluant la couverture de l’expansion du charbon. Le plus grand marché mondial de l’assurance n’a toujours pas exigé de mesures pour interdire l’assurance de nouveaux projets de pétrole et du gaz conventionnels sur son marché.
Ce rapport de Reclaim Finance révèle ainsi que, parmi les 20 principaux managing agents de Lloyd’s [4] :
- Sept n’ont adopté aucune mesure sur les énergies fossiles, y compris des membres bien connues tels que Beazley Furlonge et Chaucer Syndicates [5].
- Neuf n’ont pas adopté publiquement de mesures pour se conformer aux recommandations de Lloyd’s selon lesquelles ses agents ne doivent plus assurer les nouvelles mines et usines de charbon (à partir de janvier 2021).
- Dix n’ont pas adopté publiquement de mesures pour se conformer aux recommandations de Lloyd’s de ne pas assurer les nouvelles activités d’exploration des sables bitumineux et de pétrole et gaz en Arctique (à partir de janvier 2021), y compris Liberty Managing Agency et MS Amlin.
- Seulement la moitié des 20 principaux managing agents ont adopté les recommandations actuelles de la Lloyd’s de ne pas assurer les nouveaux projets liés au charbon, aux sables bitumineux et à l’énergie de l’Arctique.
Malgré les récents événements climatiques extrêmes qui ont coûté des milliards au marché de Lloyd’s , le plus grand marché de l’assurance au monde ne semble pas se préoccuper des conséquences de la crise climatique. Ce rapport prouve que Lloyd’s n’a rien fait pour appliquer son engagement net zero. Ses belles paroles doivent désormais se transformer en actions: c‘est la seule façon pour ce marché de respecter ses engagements en matière de neutralité carbone.
Ariel Le Bourdonnec, chargé de campagne Assurance à Reclaim Finance
Selon ce nouveau rapport, seulement deux managing agents, Munich Re Syndicate et Argenta Syndicate, sont allés beaucoup plus loin et se sont engagés à ne plus assurer de nouveaux champs de pétrole et de gaz [6]. Cela prouve qu’il est possible pour tout acteur de Lloyd’s of London de tenir ses engagements en adoptant les mesures qui s’imposent en matière d’expansion fossiles.
Lloyd’s of London, qui représentait en 2018 40 % des primes d’assurance mondiales liées au secteur de l’énergie, est l’un des derniers membres de la NZIA à encore accepter de garantir l’expansion du charbon, du pétrole et du gaz. Sa politique inadéquate contraste fortement avec les bonnes pratiques de nombre de ses pairs de la NZIA qui se sont engagés à ne pas assurer de nouveaux projets de charbon ou de pétrole et de gaz [3].
Lloyd’s ne prend pas la science climatique au sérieux. Ce marché de l’assurance sape l’action climatique de ses pairs et ses déclarations sur le climat – probablement faites pour attirer les investisseurs – sont mises à nu par le manque d’action de ses managing agents. Le greenwashing de la Lloyd’s ne contribuera pas à résoudre la crise climatique. Pire, il conduit le secteur de l’assurance dans le mur en alimentant davantage de pertes dues à des risques climatiques toujours plus sévères
Lindsay Keenan, Coordinateur européen, Insure Our Future
Selon les dernières conclusions du GIEC [7], le report de la mise en œuvre des mesures d’atténuation et d’adaptation entraînera une augmentation des pertes et des dommages dus à l’accroissement des risques climatiques. En 2022, le marché des Lloyd’s a enregistré £800 millions de pertes nettes, soit £3 milliards de moins qu’en 2021, en partie en raison de l’intensité croissante des catastrophes climatiques telles que l’ouragan Ian [8].
Reclaim Finance appelle Lloyd’s à mettre en place et surveiller l’adoption d’un cadre clair pour ses managing agents qui exige un alignement immédiat de leurs pratiques sur sa politique actuelle et future en matière d’énergies fossiles, et ce dans un délai d’un an après adoption. Reclaim Finance demande également à Lloyd’s de mettre en place des mécanismes de sanctions crédibles s’ils ne se conforment pas à cette échéance.