Epargne salariale : Crédit Agricole et Société Générale verdissent des fonds soutenant l’expansion fossile

Paris, le 24 mars 2025 – Alors que l’épargne salariale atteint des niveaux records, Reclaim Finance révèle que les fonds d’épargne salariale “responsables” restent très minoritaires et sont parfois trompeurs (1). En cause : les teneurs de comptes, un acteur central de l’épargne salariale qui s’associe avec des gestionnaires d’actifs pour proposer leurs fonds aux entreprises et salariés. L’analyse montre que parmi les 5 teneurs de compte analysés (2), deux d’entre eux, Crédit Agricole et Société Générale, ont des pratiques trompeuses puisqu’ils proposent des fonds dits « responsables » qui investissent en réalité dans des entreprises développant de nouveaux projets pétroliers et gaziers. Reclaim Finance appelle les teneurs de compte à faire le ménage dans leur offre et à proposer les fonds de gestionnaires d’actifs qui s’engagent contre l’expansion fossile.

En juin 2024, l’épargne salariale a atteint un niveau historique, avec 200 milliards d’euros, une croissance de 10% par rapport à l’an passé (3). Une manne financière en plein essor qui pourrait être utilisée pour investir dans des secteurs essentiels à la transition écologique.

Mais selon Reclaim Finance, l’offre actuelle en fonds d’épargne salariale “responsables” ne permet pas la mise en place de plans d’épargne salariale réellement responsables au sein des entreprises. En effet, chez les cinq principaux teneurs de compte en France – Crédit Agricole, Natixis Interépargne, Crédit Mutuel ES, Société Générale et BNP Paribas E&RE -, l’offre des fonds d’épargne salariale dits responsables est très largement minoritaire : elle ne représente en moyenne que 3 fonds sur 10 proposés aux entreprises.  

Pire, l’offre “responsable” de Crédit Agricole et Société Générale, est composée à plus de 30% de fonds qui investissent dans des entreprises développant de nouveaux champs pétroliers et gaziers et de nouveaux terminaux d’exportation de GNL, telles que TotalEnergies ou Eni (4). Une pratique trompeuse pour les salariés :  Crédit Agricole parle par exemple de gamme “100% engagée pour agir aujourd’hui sur le monde de demain” ou encore de fonds apportant “des solutions au changement climatique”, malgré la présence d’entreprises qui contribuent au dérèglement climatique.  

Notre analyse prouve que l’épargne salariale en France continue d’être utilisée pour le développement de nouveaux projets de pétrole et de gaz à travers le monde. Et Crédit Agricole et Société Générale n’hésitent pas à investir dans des entreprises extrêmement polluantes tout en vantant les qualités environnementales de leurs fonds. Ce greenwashing empêche les salariés comme les entreprises de choisir une offre d’épargne salariale 100% responsable. 

Julie Sansoucy, chargée de campagne à Reclaim Finance

La présence de fonds investissant dans des entreprises développant de nouveaux projets pétro-gaziers s’expliquent par les partenariats entre teneurs de compte et gestionnaires d’actifs. En effet, en proposant des fonds de gestionnaires d’actifs aux pratiques délétères pour le climat, les teneurs de compte courent davantage le risque de distribuer des fonds qui investissent dans des entreprises en première ligne de l’expansion fossile. C’est le cas par exemple des teneurs de compte Crédit Agricole et Société Générale, associés au gestionnaire Amundi (5), premier investisseur de l’expansion fossile en France (6).  

D’autres partenariats sont pourtant possibles : Natixis Interépargne et BNP Paribas E&RE, par exemple, proposent dans leurs gammes responsables des fonds de gestionnaires d’actifs ayant restreint leurs investissements dans le secteur des énergies fossiles, comme Mirova, Ecofi ou dans une moindre mesure, BNP Paribas Asset Management.  

Reclaim Finance appelle donc les teneurs de compte à agir pour proposer une offre de fonds d’épargne salariale qui n’alimente pas le dérèglement climatique, en excluant notamment de leur gamme responsable les fonds investissant dans des entreprises qui développent de nouveaux projets fossiles, et à proposer davantage de fonds de gestionnaires d’actifs qui s’engagent contre l’expansion fossile.  

Contacts :

Notes :

(1) Reclaim Finance, “Fonds d’épargne salariale verts : vigilance rouge”, mars 2025
(2) Les 5 teneurs de compte analysés sont Crédit Agricole, Natixis Interépargne, Crédit Mutuel ES, Société Générale et BNP Paribas E&RE qui concentrent 88% du marché. Le teneur de compte est l’intermédiaire entre l’entreprise et ses salariés et le gestionnaire d’actifs : il met à disposition de l’entreprise une sélection de fonds d’épargne salariale et assure la gestion des comptes des salarié·es. 
(3)  AFG, Communiqué de presse, Octobre 2024
(4) Dans son scénario Net Zero Emission, l’Agence internationale de l’énergie indique qu’aucun nouveau projet de pétrole et gaz n’est nécessaire pour limiter le réchauffement à 1,5°C. Pour en savoir plus sur les bombes climatiques développés par TotalEnergies, voir ici.
(5) Les pratiques du gestionnaire d’actifs Amundi pour ses fonds d’épargne salariale ont notamment été pointées du doigt dans un rapport de Reclaim Finance en 2024, montrant que 94% de ses fonds d’épargne salariale sont investis dans des entreprises qui développent de nouveaux projets de charbon, pétrole et gaz.  

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2025-04-16T14:38:26+02:00