Paris le 18 juin 2020 – Un nouveau rapport publié aujourd’hui par Reclaim Finance et les ONG derrière la campagne Unfriend Coal – Insure Our Future révèle les noms des 15 plus gros assureurs du secteur pétrolier et gazier, parmi lesquels se trouve AXA. Après une campagne centrée depuis 2017 sur la fin des assurances au secteur du charbon [1], elles appellent les assureurs et réassureurs à adopter des politiques sur toutes les énergies fossiles de manière à s’aligner pleinement sur les objectifs de l’Accord de Paris.
Dans une lettre rendue publique aujourd’hui [2], les ONG appellent 30 sociétés d’assurance et de réassurance à adopter des politiques globales permettant un alignement de leurs activités avec l’objectif de 1,5°C. Parmi les mesures recommandées figure notamment l’arrêt des couvertures d’assurance aux nouveaux projets pétroliers et gaziers. La combustion du pétrole et du gaz représentait 55,6 % des émissions mondiales de CO2 en 2018.
« Alors que les gouvernements planifient la reprise après la crise COVID-19, les assureurs doivent se faire les champions de la transition vers un avenir durable, équitable et résilient en tant que souscripteurs, investisseurs et entreprises citoyennes » indique la lettre, signée par 18 ONG internationales, dont Reclaim Finance, Urgewald et Greenpeace.
Dans un nouveau briefing [3] également publié aujourd’hui, ils révèlent les noms des 15 plus gros assureurs du secteur pétrolier et gazier. Les données sur les primes d’assurance pour le pétrole et le gaz ne sont pas accessibles au public. Unfriend Coal / Insure Our Future a identifié les principaux acteurs à partir de rapports séparés publiés par les agences de conseil Finaccord et HTF Market Intelligence et d’une étude de marché de suivi menée par les deux agences indépendamment l’une de l’autre.
Chaque agence a produit des listes des quinze premiers assureurs de dommages pour le pétrole et le gaz et, malgré des différences de classement, AXA et 9 autres sociétés étaient communes aux deux listes:
- Quatre des dix premiers sont membres de la Net-Zero Asset Owners Alliance et se sont engagés à aligner leurs portefeuilles d’investissement sur un réchauffement maximal de 1,5°C : Allianz, AXA, Munich Re et Zurich.
- Sept des dix premiers ont déjà limité le soutien aux énergies fossiles en restreignant leurs assurances au charbon – Allianz, AXA, Chubb, Liberty Mutual, Munich Re, The Hartford et Zurich.
- Trois des dix premiers n’ont pris aucune mesure en la matière – AIG, Travelers et Tokio Marine.
Lucie Pinson, fondatrice et directrice générale de Reclaim Finance commente : « En tant que gestionnaire des risques de nos sociétés, les grandes sociétés d’assurance comme AXA sont censés comprendre le besoin de sortir rapidement des énergies fossiles. Mais nombre d’entre eux en sont encore aux beaux discours et les actes manquent. Il est ainsi difficile de croire à la sincérité de l’engagement d’AXA de s’aligner sur l’objectif de 1,5°C après qu’il ait voté il y a 15 jours contre la résolution climat demandant à Total, le plus gros pollueur du CAC40, de tenir ce même objectif [4]. Un peu plus tôt, nous révélions avec les Amis de la Terre France qu’AXA avait augmenté ses investissements dans les gaz et pétrole de schiste entre janvier et mars 2020 [5]. Clairement, ceux censés nous protéger sont plutôt à la manœuvre pour poser les conditions d’un futur covid.»
Peter Bosshard, coordinateur international de la campagne Unfriend Coal / Insure Our Future Campaign, ajoute : “La perturbation massive de l’industrie des énergies fossiles due à COVID-19 offre l’occasion d’accélérer la transition nécessaire vers une économie à faibles émissions de carbone. À l’heure où de puissants gouvernements renflouent les sociétés pétrolières et gazières politiquement bien connectées, le secteur des assurances doit se faire entendre et apporter des preuves scientifiques dans le processus décisionnel concernant les projets à forte intensité de carbone”.
Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a averti que si l’on veut limiter l’augmentation de la température mondiale à 1,5 °C sans recourir à des technologies de capture et de stockage du carbone dont la viabilité reste à prouver, la consommation de pétrole doit diminuer de 37 % d’ici 2030 et de 87 % d’ici 2050. La consommation de gaz doit diminuer de 25 % d’ici 2030 et de 74 % d’ici 2050.
Or, les gouvernements prévoient d’augmenter la production de pétrole de 100 à 120 millions de barils par jour (mb/j) d’ici 2040, soit trois fois le niveau d’environ 40 mb/j qui est compatible avec la limitation du réchauffement climatique à 1,5°C. Ces projets ne seront pas possibles sans les assureurs.
Contact média : Lucie Pinson, lucie@reclaimfinance.org, +33 (0)6 79 54 37 15