Issu de la collaboration entre Reclaim Finance, Rainforest Action Network, BankTrack, Indigenous Environmental Network, Oil Change International et Sierra Club, et soutenu par plus de 300 organisations de 50 pays du monde entier, dont les Amis de la Terre France, le rapport Banking on Climate Chaos 2021 totalise les prêts et les émissions d’actions et d’obligations de 2 300 entreprises dans les secteurs du charbon, du pétrole et du gaz à l’échelle mondiale sur la période 2016-2020.

Alors que l’urgence climatique requiert de baisser la production d’énergies fossiles, les banques françaises ont augmenté leurs financements aux charbon, gaz et pétrole entre 2016 et 2020, y compris dans les sous-secteurs les plus risqués – sables bitumineux, gaz et pétrole de schiste, forages en offshore et dans l’Arctique, gaz naturel liquéfié – à l’exception de ceux des mines et centrales à charbon. Les banques françaises ont aussi augmenté leurs soutiens aux secteurs pétroliers et gaziers entre 2019 et 2020. On vous explique les principales tendances par secteur.

Sables bitumineux

Les financements des plus grosses entreprises actives dans les sables bitumineux par les banques françaises ne cessent d’augmenter depuis 2017, passant de $271 millions cette année-là à $1166 millions en 2020, plus de 4 fois plus. BNP Paribas est de loin la banque la plus responsable de cette situation, ayant multiplié par 7 ses financements vers ce secteur entre 2019 et 2020. Mais le Crédit Agricole et la Société Générale ont aussi connu des hausses significatives l’an dernier.

Forages dans l’Arctique

Les financements aux principales entreprises actives en Arctique par les banques françaises ont suivi la même trajectoire, avec des montants multipliés par 3 entre 2019 et 2020, passant de $605 millions à $1901 millions. Ce sont cette fois Crédit Agricole et Société Générale qui sont responsables de l’écrasante majorité de cette augmentation.

Gaz et pétrole de schiste

Les banques françaises ont également augmenté leurs financements aux entreprises les plus actives dans la fracturation hydraulique depuis 2018. C’est une nouvelle fois BNP Paribas qui est principalement responsable de cette augmentation, ayant presque triplé ses financements dans ce secteur entre 2019 et 2020, passant de $1094 millions à $3056 millions. C’est même la plus forte augmentation en valeur absolue cette année-là au niveau international.

Forages en offshore

La progression des banques françaises dans l’offshore est la même, avec un quasi doublement des montants chaque année depuis 2018. C’est encore une fois BNP Paribas qui s’illustre, responsable de la majorité de cette augmentation. La banque française passe même devant les grandes banques états-uniennes au niveau international : elle est celle ayant le plus financé ce secteur sur la période couverte par le rapport, entre 2016 et 2020.

Gaz naturel liquéfié – GNL

La tendance à la hausse n’épargne pas le secteur du LNG, que les banques françaises ont chaque année financé plus que l’année précédente depuis 2018. Une augmentation causée une fois de plus principalement par BNP Paribas, avec un quasi triplement de ses financements de $708 millions en 2019 à $2015 millions en 2020.

Mines de charbon

Une fois n’est pas coutume, les banques françaises ont moins financé les plus grandes entreprises produisant du charbon en 2020 qu’en 2019, passant de $423 millions à $258 millions. Habituées à être dans le top 20 des classements internationaux dans les autres secteurs du pétrole et du gaz, les 3 plus grosses banques françaises apparaissent cette fois plus bas, dans le top 40.

Centrales à charbon

La tendance à la baisse est la même concernant les principaux producteurs d’électricité à partir de charbon. Les financements des banques françaises à ce secteur passent de $800 millions en 2019 à $565 millions en 2020, le Crédit Agricole étant le seul à aller dans le sens inverse. Ces tendances pour le secteur du charbon semblent indiquer l’impact de l’application des nouvelles politiques sectorielles adoptées par les banques françaises, parmi les plus avancées dans le domaine.

Ces tendances à la hausse soulignent l’insuffisance des politiques adoptées par les banques française sur le secteur pétrolier et gazier. Les banques françaises font partie de celles étant allées le plus loin au niveau international. Pourtant, leurs politiques n’excluent que les entreprises avec une large partie de leurs activités dans les secteurs les plus risquées. Les entreprises sous les seuils d’exclusion sont ignorées, quand bien même elles feraient partie des plus gros acteurs de ces secteurs voire y développent de nouveaux projets. Cela comprend les majors pétrolières et gazières qui sont très diversifiées.

Les engagements climatiques des banques françaises ne vaudront rien si elles continuent d’ignorer ces poids lourds des énergies fossiles. BNP Paribas, Natixis, Crédit Agricole et Société Générale doivent joindre le geste à la parole et arrêter de financer les entreprises qui piétinent les objectifs de l’Accord de Paris en développant des projets pétroliers et gaziers.

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