Slow Burn : Les gestionnaires d’actifs parient contre le Climat

21 avril 2021

Reclaim Finance a publié la première édition d’un rapport sur les engagements climatiques des principaux gestionnaires d’actifs, axé sur leur approche du secteur du charbon. Il compare 29 gestionnaires d’actifs, en mettant l’accent sur le marché européen. Les auteurs révèlent que, bien que 16 gestionnaires d’actifs aient pris des engagements à long terme en faveur du climat, la quasi-totalité d’entre eux n’ont pas franchi la première étape pour les concrétiser : l’abandon du charbon.

Ce rapport a été rédigé par Reclaim Finance en partenariat avec trois ONG d’Europe et d’Amérique du Nord : Re:Common, the Sunrise Project et Urgewald.

Des promesses à long terme mais une passivité sur le court terme 

Sur les 29 politiques de gestionnaires d’actifs évaluées, moins de la moitié ont adopté une politique publique d’élimination progressive du charbon, bien que 13 d’entre eux soient membres de la Net Zero Asset Manager Initiative (NZAMI) et 4 de la Paris Aligned Investment Initiative (PAII) Vanguard, DWS et Allianz GI, alors qu’ils sont signataires des principes de la NZAMI, n’ont même pas adopté de politique publique en matière de charbon.

Si la moitié des gestionnaires d’actifs recommandent publiquement aux entreprises d’adopter des stratégies alignées sur Paris, et près de la moitié d’entre eux déclarent publiquement qu’ils pourraient prendre des sanctions de vote ou de désinvestissement concernant les enjeux climatiques, malheureusement, seules deux d’entre elles (Aviva Investors et Aberdeen SI) ont commencé à préciser les conditions de mise en œuvre de ces sanctions.

Toutefois, l’examen des critères d’exclusion du charbon, lorsqu’ils existent, montre que nous sommes encore loin de politiques fortes en la matière.

L’arrêt de l’expansion du charbon n’est toujours pas une priorité pour les gestionnaires d’actifs 

Malgré le rapport Production Gap Report de l’UNEP qui montre que la production de combustibles fossiles doit diminuer de 6 % par an jusqu’en 2030, seuls six des 29 gestionnaires d’actifs évalués excluent les entreprises ayant des plans de développement du charbon.

Les politiques existantes ne couvrent qu’une fraction de leur portefeuille

Un autre problème clé est la couverture partielle des politiques du charbon : elles s’appliquent à une partie très limitée de leur portefeuille total. Si l’on examine leurs actifs gérés de manière « passive », le problème est évident: seuls trois gestionnaires d’actifs appliquent leur politique charbon à la totalité ou à la plupart de leurs investissements « passifs ». Au total, 18 gestionnaires d’actifs ne disposent pas de règles publiques pour exclure le charbon de la plupart de leurs investissements « passifs » aussi dits indiciels.

Le problème est similaire avec les mandats : seuls huit des gestionnaires d’actifs évalués appliquent leurs exclusions par défaut à leurs investissements gérés sous mandats.

Concrètement, moins de 25 % du total des actifs combinés de tous les gestionnaires est actuellement couvert par des critères d’exclusion visant le secteur du charbon.

Les gestionnaires d’actifs doivent immédiatement désinvestir des entreprises développant des projets de charbon et commencer à désinvestir dès maintenant des entreprises de charbon pour une sortie complète d’ici 2030/2040. Par conséquent, le rapport demande spécifiquement aux gestionnaires d’actifs d’appliquer cette recommandation à l’ensemble de leur portefeuille. Cela signifie également qu’il faut traiter à bras le corps le problème croissant qu’est la gestion indicielle « passive ».

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Pour aller plus loin :