Communiqué de presse

Paris, le 13 octobre 2021 – Après un premier rapport historique publié en mai 2021, l’Agence Internationale d’Energie confirme dans son World Energy Outlook (WEO) 2021 publié ce matin que le combat contre les dérèglements climatiques nécessite l’arrêt immédiat du développement de nouveaux champs pétroliers et gaziers. À l’approche du Climate Finance Day 2021 et de la COP26, Reclaim Finance appelle les acteurs financiers à tirer les leçons du scénario net zéro de l’AIE en mettant immédiatement fin à tout services financiers aux projets d’énergies fossiles et aux entreprises qui les développent (1).

En mai dernier, le premier scénario “Net Zero” de l’AIE venait troubler la tranquillité du monde de la finance et de l’énergie en soulignant que tout nouveau projet de production d’énergies fossiles était incompatible avec la limitation du réchauffement climatique à 1.5°C (2). L’AIE place désormais ce scénario au cœur de son World Energy Outlook définit par elle-même comme “la source d’analyses et de projections la plus fiable du monde de l’énergie” -et en fait sa “référence pour évaluer les progrès mondiaux vers l’objectif de 1,5°C” (3).

Les institutions financières ont par le passé été nombreuses à s’appuyer sur les scénarios du WEO pour justifier leurs soutiens aux entreprises des énergies fossiles (4).De plus, un nombre croissant d’acteurs, dont AXA, BNP Paribas et Crédit Agricole/Amundi se sont engagés à aligner leurs pratiques avec l’objectif de neutralité carbone.

“L’AIE confirme que stopper l’expansion pétro-gazière est une condition sine qua non à remplir pour l’atteinte des objectifs climatiques. Les institutions financières qui se sont engagées à atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050 se dédiraient si elles ne passaient pas maintenant de la parole aux actes. Tous les yeux sont notamment rivés sur AXA, chef de file de la Net Zero Insurance Alliance ” déclare Lucie Pinson, directrice générale de Reclaim Finance.

“Alors que tous les indicateurs, climat et biodiversité, sont au rouge, il est urgent que les banques, assureurs et investisseurs s’emparent des échéances climatiques à venir, et notamment du Climate Finance Day en France, pour répondre à cet impératif scientifique contre l’expansion des énergies fossiles”.

Si le scénario de l’AIE contient toujours des hypothèses problématiques (5), particulièrement en matière de recours à des technologies non prouvées, comme la capture de CO2 et d’utilisation croissante de la biomasse, il pose des exigences minimales permettant d’évaluer la crédibilité des engagements climatiques des acteurs publics comme privés. En plus de confirmer l’arrêt nécessaire de l’expansion de la production pétrolière et gazière, l’AIE met l’accent sur le fait que les projets de gaz naturel liquéfié (GNL) en cours ne sont pas compatibles avec une trajectoire 1.5°C et qu’une partie d’entre-eux sont voués à devenir des “actifs échoués”. Elle conserve aussi les jalons essentiels de la transition que sont la réduction des émissions de méthane de 75% d’ici 2030 et la décarbonation totale de la production d’électricité d’ici 2035 pour les “économies avancées” et 2040 partout dans le monde.

Contacts presse :

  • Angus Satow, chargé des relations médias chez Reclaim Finance, angus@reclaimfinance.org, +447847754046
  • Paul Schreiber, chargé de campagne chez Reclaim Finance, paul@reclaimfinance.org, +33 689020788

Notes :

  1. Les acteurs financiers doivent cesser tous soutiens directs à de nouveaux champs pétroliers et gaziers et projets d’infrastructures qui aideraient leur développement. Ils doivent aussi conditionner le maintien de leurs soutiens aux entreprises à un arrêt dans le développement de ces projets, au plus tard d’ici fin 2022 pour les pétrole et gaz non conventionnels et d’ici fin 2023 pour les pétrole et gaz conventionnels.
  2. Cette conclusion avait été posée dès 2018 par l’ONG Oil Change International suite à l’analyse du budget carbone restant fixé par le GIEC. Concrètement, la consommation des seules réserves de pétrole et de gaz actuellement exploitées entraînerait le dépassement d’un budget carbone de 1.5°C. Une étude récente publiée dans Nature indique que, d’ici 2050, près de 60 % du pétrole et du gaz, et 90 % du charbon, ne doivent pas être extraits pour respecter un budget carbone de 1,5 °C.
  3. L’AIE insiste aussi sur les bénéfices humains, sociaux et économiques d’un réchauffement limité à 1.5°C. A contrario, emboîtant le pas au GIEC, elle souligne les effets catastrophiques d’un réchauffement hors de contrôle
  4. Les institutions financières et les entreprises pétrolières ont notamment utilisé le scénario SDS de l’AIE pour justifier des soutiens à de nouveaux projets tout en prétextant l’action sur le climat. D’après l’AIE, le scénario SDS qui mène à un réchauffement 1.7°C. Ce scénario a virtuellement disparu du WEO 2021 qui positionne clairement le NZE comme le scénario permettant de mesurer les progrès vers l’Accord de Paris.
  5. Le scénario NZE de l’AIE publié en mai 2021 est analysé par Reclaim Finance ici. Une analyse détaillée du NZE présent dans le WEO sera publiée dans les prochains jours, les principaux éléments de ce scénario restent cependant largement inchangés.