Paris, le 26 octobre 2021. Alors que Bruno Le Maire et les grands acteurs financiers de la place de Paris réunis au Climate Finance Day continuent de faire la sourde oreille aux impératifs scientifiques sur le climat, l’ACPR et l’AMF montrent la voie en appelant toute la Place de Paris à réduire ses soutiens sur toutes les énergies fossiles. Reclaim Finance appelle les acteurs financiers à contrer l’expansion pétro-gazière et à sortir des hydrocarbures non conventionnels d’ici 2030.
Ce matin, l’ACPR et l’AMF publiaient leur rapport (1) de suivi des engagements climatiques des acteurs de la place de Paris. Ils y pointent du doigt les faiblesses des politiques pétrole et gaz et appellent la Place financière à “mettre en place des politiques robustes, transparentes et comparables sur toutes les énergies fossiles”. Ils s’appuient notamment sur les conclusions récentes de l’Agence internationale de l’énergie (2) qui appellent à mettre fin au développement de nouveaux projets de production d’énergies fossiles et sur les recommandations du Comité scientifique de l’Observatoire de la Finance Durable pour une sortie des hydrocarbures non conventionnels (3).
Pourtant, dans son discours au Climate Finance Day (4), Bruno Le Maire a fait l’impasse sur les stratégies de sortie des hydrocarbures non conventionnels demandées aux acteurs financiers en octobre 2020. Le Ministre s’est contenté d’encourager les acteurs financiers à réduire leur intensité carbone, une mesure qui ne mettra pas fin aux soutiens à l’expansion pétro-gazière incompatible avec l’Accord de Paris. Le silence du Ministre et des grands acteurs financiers français sur ce point est frappant, il contredit les engagements pris par ces mêmes acteurs en matière de neutralité carbone.
“Le fait que les régulateurs encouragent les acteurs financiers à mettre en place des politiques robustes, portant sur toutes les énergies fossiles et tenant compte des recommandations de l’AIE, doit être salué. Malheureusement, la volonté politique ne suit pas. Au contraire, le Ministre Bruno Le Maire fait diversion et glisse même sous le tapis sa propre demande de sortie des hydrocarbures non-conventionnels” déclare, Lucie Pinson, directrice générale de Reclaim Finance.
Emboîtant le pas au ministre, Crédit Agricole (5) a lui aussi creusé le fossé entre discours et actions. Alors que le groupe a récemment rejoint des alliances mondiales visant la neutralité carbone d’ici 2050, il annonce des mesures minimalistes ne permettant ni de freiner l’expansion pétro-gazière, ni d’amorcer une sortie des hydrocarbures non-conventionnels. La politique du groupe concerne seulement trois des huit types d’hydrocarbures non conventionnels et ne permettra pas de mettre fin à tous les soutiens du Crédit Agricole dans ces secteurs.
“Les grandes banques françaises n’ont toujours pas de réponse crédible face à l’urgence climatique. Elles ne doivent pas s’étonner d’être sous le feu des critiques et des mobilisations citoyen.nes. Le Crédit Agricole s’en tient à des annonces minimalistes qui ne l’empêcheront toujours pas de soutenir les grands développeurs de ces énergies polluantes. C’est un nouveau raté pour un groupe qui a rejoint les alliances internationales pour la neutralité carbone juste avant la COP26. Tous les yeux sont désormais braqués sur Thomas Buberl, directeur général d’AXA. L’assureur chef de file de la Net Zero Insurance Alliance doit, lui, joindre geste à la parole : être “net zéro » en assurant des nouveaux projets pétro-gaziers, ça n’existe pas” commente Lucie Pinson, directrice générale de Reclaim Finance.
Heureusement, certains acteurs de la Place sont prêts à briser le tabou de l’expansion pétro-gazière : ce matin, Crédit Mutuel (6) et Fédération Française de l’Assurance (7) ont rejoint le mouvement initié la semaine dernière par la Banque Postale, MAIF et l’Ircantec (8).