Lettre cosignée par Attac Liège, FairFin, Reclaim Finance, Positive Money Europe, Greenpeace Belgium, Youth For Climate Belgium, Attac Bruxelles 2, Les Amis de la Terre Belgique, Grootouders Voor Het Klimaat, POUR, Communa, Centre tricontinental – CETRI.
Le 13 novembre 2023 – Dans une lettre ouverte au roi Philippe de Belgique et au ministre des Finances, Vincent Van Peteghem, plus d’une dizaine d’organisations de la société civile – dont Reclaim Finance, Positive Money Europe, Greenpeace Belgique et les Amis de la Terre Belgique – appellent à la nomination d’un.e gouverneur.e de la Banque nationale de Belgique (BNB) à la hauteur des enjeux climatiques. Le mandat de l’actuel gouverneur, Pierre Wunsch, prendra fin en janvier 2024, après avoir freiné l’intégration du climat dans la politique de la Banque Centrale Européenne notamment sur le verdissement des achats d’actifs. Les ONG appellent donc Philippe de Belgique et son gouvernement à nommer un.e gouverneur.e qui reconnaitra le rôle primordial des banques centrales dans la lutte contre le dérèglement climatique.
Sire,
Nous soussignés ATTAC Liège, Reclaim Finance, Greenpeace Belgium, Youth for Climate Belgium, FairFin, Les Amis de la Terre Belgique ASBL, ATTAC Bruxelles 2, POUR, Centre tricontinental-CETRI, Positive Money Europe, Communa, Grootouders voor het Klimaat,
Vous demandons, alors que le poste de gouverneur de la Banque nationale de Belgique (BNB) est remis en jeu, par l’intermédiaire de votre gouvernement et de son ministre des finances, de reconsidérer la reconduction du gouverneur actuel Pierre Wunsch (1), tant cette décision a des conséquences pour la planète et les conditions de vie des Européen·ne·s.
En effet, depuis des années, le gouverneur belge s’oppose au verdissement des activités de la Banque centrale européenne (BCE). La BCE opérant par consensus entre les gouverneurs des banques centrales de l’Eurosystème, la réticence de Pierre Wunsch bloque l’adoption de mesures ambitieuses. Ainsi, le gouverneur de la BNB s’était illustré en s’opposant à l’introduction de critères climatiques dans les achats d’actifs de la BCE (2), alors même que ceux-ci bénéficiaient principalement aux entreprises très polluantes, dont les géants européens du pétrole et du gaz et des entreprises du charbon (3). Il s’agissait pourtant là d’une mesure relativement consensuelle parmi les gouverneurs, qui avait même reçu l’aval de la Bundesbank (4).
Malgré ce manque d’ambition pour le climat, Pierre Wunsch a récemment affirmé dans une interview n’être “absolument pas dans le déni climatique, au contraire” (5). Son bilan en matière climatique est pourtant maigre, malgré les interpellations de la société civile. En juin, des activistes et ONG se sont rassemblés devant la BNB pour lui demander de pousser la BCE à rendre plus abordables les crédits à la rénovation énergétique des bâtiments (6). Un geste essentiel pour améliorer leur efficacité énergétique, protéger la population belge des conditions météorologiques extrêmes et des hausses des prix de l’énergie. Mais jusqu’à aujourd’hui, la BCE n’a pas facilité l’abaissement des taux d’intérêt pour les crédits ciblés vers la rénovation, une mesure sans doute insuffisamment soutenue par les banques nationales, dont la BNB.
Quelle raison peut donc avoir Pierre Wunsch de s’opposer au verdissement de la politique monétaire alors même que la crise climatique s’accroît ? Le gouverneur de la Banque nationale de Belgique prône l’inaction climatique sous prétexte de la neutralité de la BCE. Un argument qui n’est pas recevable puisque la BCE est intervenue plusieurs fois dans le passé, notamment pour soutenir les banques commerciales lors de la crise des subprimes ou limiter l’impact du COVID-19 sur l’économie. Cet argument a même été démenti par la BCE elle-même qui a reconnu que certaines de ses actions prétendument “neutres”, tels que les achats d’actifs, aggravaient en réalité les défaillances du marché, entraînant pollution et réchauffement de la planète (7).
Alors que Christine Lagarde, la présidente de la BCE, a depuis plusieurs années reconnu que la protection de l’environnement est au cœur de sa mission (8), et que les catastrophes naturelles s’intensifient (9), une question se pose : allez-vous, par l’intermédiaire de votre gouvernement, rendre les commandes de notre banque centrale à quelqu’un qui refuse de contribuer à l’effort collectif ?
Dans ce cas, il vous faudra, Sire, assumer face aux Belges, aux Européens et à vos enfants, le choix de l’inaction et du dogmatisme conservateur en connaissance de ses impacts pour la vie sur terre, ou avoir le courage de nommer un ou une gouverneur·e à la hauteur des enjeux de notre temps.
Confiant dans Votre bienveillance, nous Vous prions de bien vouloir croire, Sire, en l’assurance de nos respectueuses et honorables salutations.
Liste des signataires
- ATTAC Liège
- Reclaim Finance
- Greenpeace Belgium
- Youth for Climate Belgium
- FairFin
- Les Amis de la Terre Belgique ASBL
- Positive Money Europe
- ATTAC Bruxelles 2
- Grootouders voor het Klimaat
- Centre tricontinental-CETRI
- Communa
- POUR
Individus apportant leur soutien à cette lettre :
- Cédric Chevalier, essayiste à l’Observatoire de l’Anthropocène
- Laurent Lievens, enseignant chercheur à l’Université Catholique de Louvain, Helha, Cesa
- Paul Blume, Co-animateur obstant.eu à l’Observatoire de l’Anthropocène
- Francis Panichelli, activiste pour les Grands Parents pour le Climat
- Cécile de Rykel, activiste climat au sein des Grands-Parents pour le Climat et de l’Assemblée citoyenne pour le climat uccloise
- Romain Gelin, Chargé de recherche chez Gresea
- Vincent Minon, Ingénieur Civil, Responsable Support et Chef de projets, membre du groupe BcEvolution