En mai 2020, la Banque Centrale Européenne publiait son rapport annuel 2019. Dans ce document de 126 pages, les questions climatiques sont cantonnées à un encadré de 4 pages. Une place pour le moins réduite qui ne devrait pas étonner, la BCE ayant pris pour habitude de parler de climat sans agir pour le protéger. Les éléments du rapport sont révélateurs de cette inaction : si tous les domaines mentionnés sont utiles pour faciliter l’intégration du climat, aucun ne fait ne serait-ce qu’initier celle-ci. Ainsi, la relation entre « la BCE et le changement climatique » rassemble attentisme et bonne volonté de bon ton, s’inscrivant toujours en contradiction avec les objectifs européens.

Pour la BCE, « toutes les autorités doivent réfléchir à la réponse appropriée au changement climatique et aux risques connexes dans leur propre domaine de compétence ».

La banque centrale pense satisfaire à ce devoir en travaillant à une meilleure compréhension et intégration des risques financiers, en modélisant les impacts économiques et financiers du changement climatique, en participant aux initiatives internationales et en commençant à adopter une démarche « responsable » pour ses portefeuilles en fonds propres.

Si tous ces chantiers paraissent utiles, aucun n’a d’effet concret permettant de limiter les émissions de GES et de protéger la planète. Même le chantier des risques, qui concentre l’attention de la banque et des acteurs financiers, est loin d’avoir une traduction sensible et vise avant tout une meilleure compréhension des risques.

En parallèle, et malgré l’intensification massive de ceux-ci en 2020, la BCE ne dit mot sur ces rachats d’actifs particulièrement polluants. Elle renvoie de nouveau toute modification de sa politique monétaire à la révision stratégique, un processus dont les résultats incertains ne prendront au mieux effet qu’en 2022.

Finalement, les seules mesures concrètes prises par la BCE sont celles qui touchent aux « opérations quotidiennes » de la banque, c’est-à-dire aux modalités de travail de ses employés, aux pratiques de management et de déplacements… Autant de choses qui doivent être attendues de toutes les entreprises et institutions. Pour la banque centrale de l’Europe, passer aux ampoules basses consommation parait un peu léger pour compenser un soutien financier accordé à 38 entreprises des énergies fossiles..

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