Propager la pandémie des énergies fossiles : les achats d’actifs Covid de la BCE soutiennent l’expansion pétro-gazière

28 octobre 2021

Une nouvelle étude de Reclaim Finance révèle que les achats exceptionnels d’actifs d’entreprises par la BCE dans le cadre de sa réponse à la crise du coronavirus ont profité aux majors européennes du pétrole et du gaz, alors que ces entreprises prévoient une augmentation massive de la production de combustibles fossiles en contradiction avec les objectifs climatiques de l’UE et l’Accord de Paris. Ce soutien contredit les promesses climatiques de la BCE et démontre les limites de sa nouvelle feuille de route climatique.

Intitulé « Spreading the fossil fuel pandemic : How the ECB’s Covid corporate asset purchases are supporing oil and gas expansion« , le briefing analyse l’évolution des achats d’actifs d’entreprises de la BCE d’avril 2020 à septembre 2021, une période marquée par une augmentation massive de ces achats dans un contexte de crise Covid. Elle révèle que ces achats ont notamment bénéficié à cinq majors européennes du pétrole et du gaz – Shell, TotalEnergies, Repsol, Eni et OMV.

Les principales conclusions sont :

  • La BCE a acheté 15 obligations de Shell, TotalEnergies, Repsol, Eni et OMV d’avril 2020 à septembre 2021, augmentant le nombre d’obligations de ces sociétés qu’elle détient de 16,2 % pour atteindre 79 obligations.
  • La BCE a notamment acquis quatre obligations de TotalEnergies (+ 22,2%) et trois d’Eni (+ 20%). TotalEnergies est le principal groupe pétrolier et gazier à avoir bénéficié des achats de la BCE (22 obligations), suivi par Eni (18 obligations) et Shell (17 obligations).
  • Certaines des obligations de TotalEnergies et de Shell détenues par la BCE ne seront pas remboursées avant 2040 et 2039 respectivement. De même, la banque conservera les obligations de Repsol, OMV et Eni jusqu’en 2033, 2034 et 2031 au moins.
  • Le soutien de la BCE à ces majors pétrolières et gazières – qui prévoient de grands projets d’expansion des combustibles fossiles – est en contradiction avec les objectifs de l’UE et l’accord de Paris. Il décrédibilise la nouvelle feuille de route climatique de la BCE qui a été publiée en juillet 2021, au moment même où la BCE achetait des obligations liées aux combustibles fossiles, et qui ne garantit pas la fin du soutien de la BCE à ces entreprises.