Paris, le 08 avril 2025 – Face à une stratégie climat qui piétine, plus de 30 organisations de la société civile appellent dans une lettre ouverte les actionnaires d’ENGIE à prendre leur responsabilité (1). Le producteur d’électricité tiendra le 24 avril son assemblée générale, pendant laquelle les actionnaires s’exprimeront notamment sur son plan climat (Say on Climate). Les organisations, dont Reclaim Finance, Rainforest Action Network, Market Forces et les Amis de la Terre France, alertent sur la stratégie d’expansion gazière de l’entreprise et son absence d’engagement à sortir du gaz. Elles appellent les actionnaires, dont l’ERAFP, l’Ircantec et MN, à se montrer plus fermes (2) et à voter contre le Say on Climate mais aussi contre le renouvellement du mandat d’administratrice de Catherine MacGregor, également directrice générale, afin de sanctionner l’échec de la direction à mener l’entreprise vers une sortie du gaz fossile.
Dans cette lettre ouverte, 33 ONG de défense des droits humains et de l’environnement, ainsi que des communautés locales impactées par des projets de terminaux de GNL, interpellent les actionnaires d’ENGIE, pointant du doigt leur responsabilité de mener l’entreprise vers une sortie du gaz fossile. Elles soulignent l’urgence pour les actionnaires d’adopter des mesures plus fermes que celles prises jusqu’à présent, alors qu’ENGIE continue d’investir dans le gaz fossile et multiplie la signature de contrats d’importation long-terme de gaz naturel liquéfié.
En effet, si les actionnaires interpellent depuis plus de 4 ans ENGIE sur sa sortie du gaz fossile, l’analyse de Reclaim Finance montre que la part du gaz dans son mix énergétique a été réduite d’à peine 3% entre 2020 et 2023, passant de 52,5% à 49,2%. L’entreprise construit actuellement et prévoit des nouvelles centrales pour une capacité totale de 2,1 GW. Ces plans d’expansion, qui comprennent notamment un projet de centrale à gaz aux Pays-Bas, s’ajoutent aux 6 contrats en vigueur, d’importation de gaz à long terme, allant au-delà de 2040.
Les actionnaires portent une part de responsabilité dans l’échec d’ENGIE à se projeter vers une sortie du gaz. Alors que les investissements et projets gaziers de l’entreprise prouvent que son plan climat n’en est pas un, la majorité des actionnaires, l’Etat français en tête, choisissent de détourner le regard. Il est urgent que ceux qui se disent engagés sur le climat tirent les conséquences de l’échec d’ENGIE à engager une sortie du gaz fossile et durcissent le ton. Exiger de la transparence et voter sur les résolutions climat ne suffit plus: il est temps de sanctionner le management de l’entreprise.
Lucie Pinson, directrice de Reclaim Finance
Une stratégie d’escalade qui s’impose face au manque de résultats du dialogue mené depuis plusieurs années dans le cadre du Climate Action 100+ et à travers lequel les actionnaires ont exprimé des préoccupations quant à l’absence de stratégie de sortie du gaz (3). Plus récemment, en 2023, un groupe d’actionnaires minoritaires a déposé une résolution appelant l’entreprise à organiser un vote annuel sur sa stratégie climat, et à publier un certain nombre d’informations clés sur son plan climat (4). Toutes ces initiatives n’ont donné lieu qu’à des progrès très limités, comme en témoigne l’absence de plan de sortie du gaz.
Alors que certains producteurs d’électricité européens, comme Iberdrola ou Statkraft, ont mis fin au développement gazier, la mobilisation des actionnaires est urgente : la stratégie actuelle d’ENGIE est incompatible avec l’objectif de limiter le réchauffement à 1,5°, et avec le respect des engagements de nombreux pays européens à décarboner la production d’électricité d’ici 2035 – comme le prévoit le scénario Net Zero Emissions by 2050 de l’Agence internationale de l’énergie (4).
Reclaim Finance, et les 32 autres ONG signataires, appellent les actionnaires d’ENGIE à voter contre le plan climat ainsi que contre le renouvellement de la directrice générale d’ENGIE le 24 avril à l’assemblée générale pour sanctionner la direction sur sa stratégie d’expansion gazière incompatible avec l’urgence climatique.